Femme miroir, femme image,
imaginée et fabriquée par Lui, tu te fais belle
née de l’idée immature qu’il a de lui-même
et qu’il ta tendue en filet
tu te regardes pour t’aimer
tu te démènes pour lui plaire
de tes deux visages, il en a masqué un
il a maquillé l’autre d’artifices, de parures et de mensonges
jusqu’à dissimuler ta véritable beauté
de l’ambiguïté qui te fait femme entière, infinie et insondable,
– effrayé par l’ampleur de tes ambivalences – et dans l’assurance de sa force
il a combattu le danger inacceptable que tu représentais soudain pour lui
t’imposant ainsi de n’être plus qu’une moitié de toi-même
femme fleur
femme coquillage
femme féline
femme diamant
caricature, docile et conforme à son désir infantile
afin de pouvoir te tenir dans une seule main
il a dressé ton portrait de déesse parfumée
de ton autre toi il a fait son ennemie
t’a qualifiée de ses peurs les plus profondes
femme fatale
femme vampirique
femme de chair
tu étais celle qui le conduirait à sa perte
il fallu alors qu’il t’exorcise, qu’il te refoule
que de toi il se sauve, se lave, se défasse
il a fallu qu’il te perde
homme écorché, homme déchiré
tu as tranché de ton épée
te voilà de ton corps amputé et le cœur endormi
l’homme convenable que tu es devenu
dans la douceur et le réconfort convoité
rassuré, adoré, materné
aujourd’hui inconscient de ton ennui
tu meurs, tu t’éteins
et moi avec toi
Mais puisque l’Autre toujours te hante
tu la recherches sans cesse
elle habite encore tes fantasmes
elle déchaîne plus que jamais tes désirs
alors
tu cours dans tous les sens
tu serres les dents
tu te lances d’autre défis
tu parles trop
et parfois,
quand tu n’en peux plus de t’éviter
la bouche sèche et le sexe tendu
tu la choisis parmi celles que tu ne respectes pas
tu la consommes
et puis tu la rejettes
le coeur fermé, coupable et déjà regrettant
c’est en la condamnant et en la répudiant que tu te réconfortes
dans ce souci encore inavoué, qu’elle ne te reconnaisse pas.
tu continueras pourtant à l’aimer dans l’ombre
dans le souvenir inconscient des ces deux visages
qui jadis dans leur clair obscur s’harmonisaient
pour faire de toi – par la magie de ses éternels secrets –
l’homme que tu deviendrait
ar
et pour vous, messieurs, mesdames.. quel est votre plus beau visage ?
« dans les ténèbres de la nuit, l’homme invite la femme au péché, mais en plein jour il répudie le péché et la pécheresse »
Simone de Beauvoir
Elle est tellement proche de la réalité ta poésie au delà des masques qui tombent omnibulés par le miroir aux mille facettes. Prisme qui dévoile les couleurs cachées de la lumière.
Un texte à lire et à relire pour saisir les émotions qu’il dégage.
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Ca me fait vraiment plaisir ce que tu me dis là et tu le dis si joliment, merci !
Je crois en effet que – plus qu’entre les mots, les phrases et les lignes – c’est entre les sens que se cachent les plus beaux reflets; aussi flous et mouvants que nos émotions contradictoires.
Bonne journée. ar
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C’est un très beau texte, parfois glaçant, parfois enivrant d’aspirations !
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Touchée et ravie que ces quelques mots vous aient plus. Merci aussi de le dire. Au plaisir. ar
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